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Chant Quatrième : "Secrets d'Outre-tombe..."

Les peuples de Saïhan vivent désormais la guerre comme une nature seconde, absence d'espoir dans un horizon uniformément rouge du sang de leurs pairs.
Les esprits chagrins des grandes instances du monde se débattent encore dans le marasme des carnages infinis, mais beaucoup de petits, d'obscurs et d'insignifiants s'interrogent, dans les alcôves froides et lugubres où la grande guerre les a poussé à se recroqueviller.
Ils observent, voient et se souviennent.
Ils se souviennent du monde tel qu'il était, avant tout cela, avant la mort et ses royaumes sépulcraux.
Ils voient de nouveaux êtres apparaitre, ennemis ancestraux, créatures légendaires, monstres mythiques.
Ils observent un passé lointain et un présent secret ressurgir d'entre les abîmes des consciences et des mémoires.
Ils observent, voient et se souviennent... et s'interrogent.
Les questions prennent formes, les énigmes s'éclairent, et bientôt, peut être, bientôt, il se trouvera quelqu'un pour entrevoir la réponse...
Alors que les déités d'antan marchent à nouveaux parmi les mortels, la guerre de Saïhan prend un jour plus sombre et meurtrier que jamais, porteur d'innombrables doutes et préoccupations...

Les récits qui suivent furent ceux qui ponctuèrent la campagne estivale de 2012, à l'initiative de la joueuse Noire Hermine, relatant sa capture par une Entité Supérieure, l'apparition du peuple Ferc, et la guerre qui s'ensuivit dans toutes les Terres de Saïhan .

La Capture de Noire Hermine


De nombreux joueurs participèrent à cette campagne, et les récits attenants furent particulièrement fournis.
Toute une section de missions et de scènes roleplay fût ouverte sur le forum, et bien que tous les textes soient intéressants, seuls ceux les plus centrés sur l'histoire principale de cette campagne sont repris et résumés ici.
Evidemment, vous êtes fortement invités à aller consulter le reste de cette aventure sur le forum du jeu, à la section 'Campagne Saïhan', pour en connaitre toutes les ramifications incroyables !
Retrouvez toutefois ici les principaux volets de cette saga :




§ Eveil et réveil §


J’ouvris les yeux.
Le noir total.
Ou suis-je ?
C’est la première question qui me vient à l’esprit.
Odeur de terre, d’humidité – sensation de froid –
Mes ongles raclent le tissu poisseux et doux à la fois.
Mon cerveau cogne douloureusement contre les parois de mon crâne.
Mes pieds ne répondent pas.
J’essaie de les bouger.
En vain.
Je suffoque, je manque d’air, je tousse.
Il n’y a pas de lumière.
Rien.
Mon bras bouge.
Je tâtonne sur ma droite.
Lisse.
Je dois être dans un lit, c’est confortable.
Je vais peut-être essayer de descendre si mes jambes me suivent.
Mon bras gauche est engourdi. Je vais essayer de me redresser, ça sera plus facile. Je suis engoncée.
Quels sont les vêtements que je porte ?
Je suis si serrée…
Je me tâte de la main droite.
Il faut que je sorte d’ici, j’étouffe !
Ma main effectue des mouvements désordonnés pour finalement toucher ce qui me recouvre : une paroi, à trente centimètres de mon visage.
Je suis enfermée dans une caisse !
La panique me prend, je crie, je hurle, personne ne vient.
Ne m’entendent-ils pas ? Je hurle de plus belle, j’entends mon propre écho se perdre dans le noir. Je suis en sueur. Je tape sur le couvercle, un son mat et plein me répond.
Un couvercle ?
Est-ce bien à cela que j’ai pensé ?
Mais un couvercle de quoi ?
Pourquoi aurait-on refermé un couvercle sur mon lit ?
Parce que ton lit est un cercueil ma chérie !
Cette pensée me traversa l’esprit à une vitesse fulgurante, et toutes les pièces du puzzle s’imbriquèrent avec une facilité déconcertante les unes après les autres.
Le froid, l’humidité, l’odeur de terre…
Ma voix qui résonne.
Comme dans un tombeau ?
Et mes appels restés sans réponse.
Je tambourine, autant que le peut ma main, sur les parois du cercueil, du couvercle, sur le matelas.
Je griffe le satin de mes ongles.
Ma bouche se tord dans un rictus de désespoir, essayant de hurler dans le néant.
Maintenant, la dure réalité s’impose à moi comme une coulée de plomb figeant mon âme, me plaquant irrémédiablement à mon linceul.
Je suis pourtant persuadée que je vais me réveiller, que tout cela n’est qu’un cauchemar.
Tout ceci me semble tellement irréel.
Des larmes se mettent alors à couler le long de mes joues, dévastant au passage le semblant de maquillage que l’on a du m’appliquer.
Un teint parfait pour l’éternité !


Il n'y a nul feu auquel je puisse me réchauffer, ni flammes ni soleil.
Mon âme hurle à la mort dans le désert déchiqueté qu'est mon esprit, sous le regard glacé de la pleine lune.
Qu'importe ce qu'ils comptent me faire, comme si le temps lui-même s'était alors arrêté, et que tout le reste n'était qu'un rêve diaphane.
Ils m'emmènent, Comme s'ils existaient simplement pour moi!
Une partie de mon esprit, totalement détachée, se pose la question, mais j'en ignore la réponse....

(par Noire Hermine)

§ Les Terres Fercs §



Quelques heures auparavant l’enlèvement de Noire Hermine...

Il regardait l’immense plaine se déroulant depuis les pieds de la puissante forteresse jusqu’aux contreforts des Monts et par-delà, vers l’Est, jusqu’au plus profond des Terres où vivaient les nations, les autres.
Les nuages noirs jouaient avec les courants d’air froid, ourlant leurs bords diaphanes de couleurs grises et sombres.
Au sud, le cratère millénaire du vieux volcan que les anciens textes appelaient "Theorgum Fercisam", exhalait de légères fumerolles pourpres, annonciatrices du réveil de la puissance.
C’est principalement de cette partie des Monts qu'ils tiraient la majeure partie des métaux pour pouvoir les utiliser pour les incantations.
Or, depuis quelques mois, ils attendaient le signe !
Le signe de l’étranger, monstrueux, né des Espaces Oubliés, aux pouvoirs insondables et dont la puissance se racontait le soir sous la voute lumineuse, et rechignaient à se rendre à leur labeur saisonnier aux mines et aux forges.

Les Nécromanciens téméraires de l’Ouest, perchés haut sur leurs formidables chariots à huit essieux tirés par d'innombrables et vigoureuses créature diaphanes, qui d’habitude généraient d’immenses colonnes aux deux entrées du Col, à l’Est, chargés de reliques rares venues de lieux aussi légendaires et lointains que le caveau des Brumes, dans la maison Nécromancienne dans laquelle le plus imaginatif des magiciens trouvait la composante tant recherchée à l’accomplissement de son nouveau sort, où le plus riche dénichait la gemme la plus belle taillée par les mains habiles qui, si parfaite, semblait fabriqué par des êtres habitants d’autres mondes inconnus.
Des lointaines et inaccessibles contrées ou la froide et glauque "Ferec-Chtonisam", enfouie dans son écrin de brouillard éternel, tapie au fin fond du Pays dans un marécage putride desquels on sortait cette tourbe particulière utilisée par les terribles Théurges Maitre-armuriers détenteurs du secret de l’assemblage des metaux.
Ou d’autres lieux dont les noms murmurés glissaient dans les ruelles et sous les arches de pierre des ponts des cités souterraines comme de suaves effluves dont on tente de garder le parfum mais qui s’effacent et disparaissent dès qu’elles franchissent la délicate prison de nos lèvres.
Les Théurges Fercs Nécromanciens, maitres redoutés de magie, venaient en droite ligne de l’archi-puissant et venaient des Terres Interdites, se faisaient de plus en plus rares et discrets , s’armant et quasi toujours accompagnés d'une cohorte armée redoutable.

Du haut du surplomb de l’impressionnant édifice baigné des froides brumes sombres qui révélaient toute la complexité et la grâce des fines arabesques nécromanciennes gravées dans la puissante balustrade taillée dans la roche sur laquelle il s’appuyait, il vit l’envol déchirant les brumes des Vibranges sauvages.
Comme il avait apprit à le faire bien des années auparavant, il inspira profondément, et écouta son instinct.
Il remonta alors très loin dans le passé de sa longue et sinueuse vie pour se retrouver à cru sur le dos d’un colossal et puissant Manakes de cette race superbe des plaines de son passé, parcourant le vaste monde de l’Est alors qu’il n’était encore qu'un indiscipliné Théurge Ferc.
Concentré dans sa puissante méditation, il laissa la bride libre sur le cou de son fidèle destrier.
Celui-ci l’emmena alors loin au-dessus des cryptes, plus haut que les terres brulées, traversant les Brumes, il arrivait à englober l’énorme Terre de l’Est en un seul regard, et ce qu’il vit lui arracha un cri rauque.
Dans sa vision onirique, il aperçut un nuage colossal plus noir que la mort, tapis à la frontière de ce monde. Ce sinistre brouillard semblait attendre quelque chose ou quelqu’un.
Puis un rire dément au timbre haut perché envahit l’éther et brisa sa méditation.
Il se rattrapa de justesse à la roche, la tête lui tournait, il rentra et s'assit.
À n’en pas douter, la puissance étrangère des espaces Oubliés venait de se réveiller.
L’équilibre était rompu !

Avec des gestes lents et pesants, il descendit, se posta sur le parvis qui devint soudain un véritable buisson d’épines acérées et empoisonnées à ses yeux fiévreux, puis s’adressant solennellement aux 10, annonça :

“A Nantys Cairn !"
Il faut allez chercher la Crépusculaire, il faut la protéger d'elle même.
Elle a déjà fuit ses frères d'armes, abandonné ses villes...
Et ne sait pas elle même pourquoi.
Le pire peut encore être évité, il faut à tout prit que nous empêchions que ses pouvoirs de Songe Nomade passent aux mains des meutes de Burvorg ou des elfes pourpres.
Mortelle, elle ne peut atteindre notre sanctuaire, nous nous rendrons donc en Terres de Saïhan.


Le temps était venu de prendre les armes. Et cette fois, ce n’était pas pour simplement conquérir ou défendre un pays, une forteresse ou une ville...
Non, bien plus que cela, comme si ce moment n'était que l'aboutissement, il s'agissait de l'équilibre lui même.
La mission qu’il devait accomplir, serait le prélude à la plus difficile campagne que connaitrait ces terres.
Il ne savait que trop bien que quoi qu’il advienne, lorsqu’il quitterait cette anfractuosité, son peuple, bienveillant et sage, n'aurait plus pour la première fois à se cacher au sein des souterrains, de la nuit et de la Brume, car il ne s'était jamais montré aux yeux des autres nations.
Il avait redouté toute sa vie ce moment. Appliquer ce pourquoi il avait été formé, ce pourquoi il était né.
Et c’était lui, le premier Élu, qui devait animer les éléments et réveiller les armures.

Nous, éthérés, ne craignons pas ses pouvoirs et son toucher, mais comme la mortelle sera avec nous, nous devrons emprunter le chemin des mortels pour la ramener aux frontières évanescentes afin de la contenir.
Que le chemin secret s'ouvre !
Soyez les premiers, le temps nous presse.


Puis, il invoqua les armées de Théurges Fercs, et la Montagne de gris et de noir s'ouvrit et répandit l'armée des Gardiens :
les Emergeurs succédèrent aux Cape Cuivre, survolés par les Vibranges. Puis vinrent les Zéphyrs et Abscrits dans le brouhaha des Kinseras et Abscrits...
Tandis que les 10, aux abords de Nantys Cairn, émergèrent des profondeurs du dédale
souterrain, laissant dans la roche une cicatrice béante.

(par Oracle)

§ La bataille Du désert d’Ishana §



Ainsi qu'il l'a prévu, les Vibranges sauvages par milliers se lancent à l'assaut en chargeant et déchirant les cieux de leur vol disgracieux.
Ils déchiquetèrent et plantèrent leur griffes dans les torquelets des armées de Lorim, faisant voler en éclat que de vulgaire échardes les solides engins de siège, pour ne laissait qu'un trou béant en lieu et place.

Sûrs de leur force, ils chargent sans attendre les armées du Grand Traqueur Daronoan, tapis, cachées du regards de tous, et détruisirent dans un amalgame de métal déchiqueté, de bois enflammé, de tripes ensanglantées, de chair et de sang, le reste des troupes d'Ao se tenant alentour, semant le chaos et l’horreur.
L'effroyable terreur venue du ciel portait désormais un Nom, elle se nommait les Vibranges Sauvages.

A l'abri derrière l'immense barrière de Sageran Altar, enserré entre deux flancs de montagne, les centaines de milliers de Théurges Fercs, formait un rang continu, de plusieurs centaines de mètres de profondeur, qui bloquait le passage du sud au sud est du désert.
Les Geôliers de Noire Hermine, retranché derrière les quasiment 200 000 Fercs en armes, opéraient un blocus impénétrable pour permettre aux Phalanges apocryphes de nettoyer plus au nord, un point de passage pour leur route à prendre.

Alors l'ordre fusa :
Libérez la Crépusculaire, sortez là de la caravane de métal, je veux qu'elle voit !
Je veux qu'elle sache pourquoi.


(par Oracle)

§ La révélation d’Ishter §



Dans un bruit de métal, les ferrures de métal libérèrent, de leurs cliquetis secs, Noire Hermine de son caveau de Fer.
Levez là !
Alors de multiples bras la serrèrent et l'extirpèrent, ses yeux condamnés à l'obscurité des heures entières ne purent rien distinguer, obligée de les fermer, les bras fermement tenus, Noire Hermine cria :
อักษรกล…าโกลิติก…qui êtes vous ?
Puis un silence long, infiniment long...
Mais qu'ai je dis ?
Quels sont ces mots dont je ne connais pas la signification ?
Comment je les connais ?

Alors le regard des ses geôliers se fit perçant et menaçant sur elle.
Qui êtes vous ?
Que voulez vous ?

Puis soudain elle réalisât que ses geôliers qui la tenaient fermement par les bras ne provoquaient en elle aucune douleur.
Comment est ce possible ?

Calme-toi, crépusculaire,
Nous ne te voulons aucun mal, nous sommes là pour te protéger.
En effet nous ne craignons ton pouvoir, car il est inefficace sur nos corps décharnés et nos âmes réincarnées. Ni ton toucher ni ta colère destructrice ne peuvent nous atteindre.
Calme toi, surtout calme toi.

Alors il fit signe aux geôliers de libérer un peu l’étreinte, à présent ses yeux s’étant habitués à la clarté, elle put voir sans difficulté.
Partout ou se posait son regard, des Théurges Fercs par milliers, qui l’enserrait, prisonnière comme une reine au milieu de sa ruche.
Où sommes-nous ?
Alors le Théurge ordonna qu’on l’accompagne au sommet d’une arcantour.
Arrivée à l’étage le plus haut, elle embrassa du regard le Plateau d'Ishter, elle connaissait ces lieux, et elle ne vit pas une, mais 10 bannières Gobelyn qui faisaient face à ses ravisseurs.
Pourquoi me protéger de mes alliés ?
Elle ne pouvait en croire un mot.
Elle tacha de gagner du temps :
Et pourquoi m’avez-vous peint la peau, qu’est ce que cet onguent qui me recouvre ?
Pour te protéger Noire hermine, et pour protéger tous ceux qui t’approche, afin d’éviter tout contact.
Mais vous voulez quoi à la fin ?
Que me voulez vous ?

Hurla-t-elle.


Puis, la voix haute et le verbe grave, le Théurge dit :
Tu ne sais pas toi-même pourquoi, mais tu es un danger pour tous,
Nous devons prémunir ces terres des grands malheurs que tu risques de provoquer.
Nous devons t’emmener aux frontières du royaume des Terres interdites, et là, proche des Maitres Théurges, nous aurons enfin le pouvoir de prendre les chemins secrets et de t’emmener dans le royaume évanescent, pour procéder à la cérémonie.


Noire Hermine, sans voix, ne comprenait pas les mots qu'elle entendait, comme si ils ne s'adressaient pas à elle même, une sensation étrange et délirante d'être une étrangère au sein d'elle même.
Ton pouvoir ne peut tomber dans de mauvaise mains, te rends tu comptes que tu a abandonné tes alliés les plus précieux ?
Tu n’en a pas conscience, mais, toi, représentante des songes nomades, tu as abandonné les gobelyns, ce pour quoi tu es en ses terres, la raison d’être même des Songes nomades...pervertie.
Sais tu pourquoi tu as fait ça ?
Y as-tu déjà réfléchit ?
Te rends tu comptes que cela ne se peut, cela n’aurait jamais du et cela ne peut être ?
Comprends tu le sens de mes paroles ?


(par Noire Hermine)

§ L’enfer de Môrl §


C'était donc sa ? L'enfer de Mörl ? un doux euphémisme aux vues des batailles qui se déroulent en plein milieu des collines de Mörl. On pouvait voir les traces de ces combats à des lieux à la ronde. Aveugle est celui qui ne remarque pas les fumées surplombant ces collines. Sourd est celui qui n'entend pas les grondements émis par les troupes infinies présentent dans la bataille. Fou est celui qui pense pouvoir rivaliser seul face aux Fercs. Certes, leurs nombres avaient diminué, mais ces collines, entre La plaine des Défunts et les falaises de l'Agîsne, étaient le point de rendez vous de deux armées aux forces égales et aussi dévastatrice l'une que l'autre. Ainsi, au lieu de faire face à l'armée la plus puissante jamais rencontrée dans les contrées de Saihan, les commandeurs, qu'ils soient Loups, Gobelyns ou Daronoans, faisaient face ni plus ni moins qu'à la mort elle même.

[…] La progression Ferc ne fait que commencer, et malgré les efforts communs de chaque peuples, elle ne s'arrêtent pas, mais n'est que ralentie. Néanmoins, les armées, aussi nombreuses soient-elles commence à perdre en effectifs, et s'épuiser petit à petit. Comme prévu, c'est une guerre d'endurance, le premier qui cédera n'existera plus.

(par Xarrior)

§ Témoignage des survivants de la vallée des Ombres §



[…]Des mois s'étaient écoulés depuis le début de la confrontation avec ces espèces de cerfs-centaures géants. Eux et leurs armées invincibles avaient brûlé la terre et assassiné sans pitié, faisant se retourner le courage des plus braves par leur présence déroutante. Ao n'avait eu de cesse de les traquer, ou d'être traqué, certains jours il ne savait plus. Parfois, lorsque les nuées de flèches de ses arbalames semblaient changer d'instant sans toucher aucun guerrier ennemi, où que des régiments d'infiltrateurs se faisaient repérés, nul ne sait comment, et tailler en pièces avant de pouvoir réagir, le Chevalier-Lyre Ao était prit d'une sorte de désespoir.

(par Kolaru)




[…]Le sifflement d’un Delikerem, ces lézards rapides, silencieux et endurants que les Loups affectionnaient pour les missions discrètes, le tira de la contemplation dans laquelle le sanglant carnage se déroulant en contrebas l’avait plongé.
Le messager descendit de sa monture et salua respectueusement son supérieur puis fit son rapport.
La deuxième armée Ferc, les Geôliers de Noire Hermine, semblait se diriger vers la Vallée des Ombres, Cœur même de la Glorieuse Nation Louve, symbole de sa liberté si chèrement retrouvée…
L’imposant Loup ne donna aucun ordre pourtant ses dernières troupes, telle une entité à part entière, se mirent en marche ressentant dans leur sang même les injonctions de leur chef… Ainsi était le pouvoir des Vorgéens…

(par Huskarl)




[…]Les phallanges apocryphes réduites à néant, il était temps de finir sa première victime... les Geoliers eux même, à qui il avait prélevé déjà deux généraux. Malgré l'absence de bâtisses de sa race, malgré la perte de sa puissance, le Daronoan ne cessait d'être sur les talons des Geoliers, apparaissant de temps à autres, créant un point d'ancrage pour appeler à lui de redoutable Interdicte Jocrans ou désormais grâce à une position privilégié, de Redoutable Givrius siffleurs qui malgré la distance lui permettaient de massacrer les Cinshears des Geoliers.
Mais malgré lui, étrangement, alors que ses alliés de fortunes étaient en surnombre, il était la cible privilégiée des Geoliers, peut être se souvenaient ils de lui ?

(par Jeuvodent)




[…]Lorsqu’il arriva à la Vallée des Ombres, il lui fallu prendre de nouvelles troupes sous son commandement. Ce ne fut pas chose facile vue le petit nombre de contingent disponible et de la petite taille des cités gobelynes dans les environs. Mais dès que ce fût chose faite, il s'attaqua aux armées ferques. Il avait d'abord assiégé Ephren Altar, grande citée ferque puis s'était déplacée à l’arrière des lignes ennemis pù se trouvait Nyctaeus Forton, seconde citée ferque dans les environs.
Pendant plusieurs jours, gobelyns, daronoans et loups se battaient côtes à côtes afin de faire disparaître ces non-morts des Terres qu’ils aimaient. Ils avaient déjà assez de leur propre querelle pour les tenir occupés, ils n’avaient pas besoin qu’on en ajoute une nouvelle couche. Mais c'était bien ce qui s'était produit lorsque les Phalanges avaient capturer une des leurs, une alliée aux gobelyns et une amie. Il l'avait toujours en travers de la gorge, ce qui lui permettait de combattre avec une hargne démesurée.[…]

(par Mawi3)

§ Ephren Altar : le dernier Bastion §



Des armées de toutes bannières et de tous horizons, convergeaient inexorablement vers Ephren Altar, qui serait le dernier combat des peuples des Terres de Saihan, face aux gardiens Fercs.

Seules, les Légions archéïques se devaient de repousser les assaillants, car tout était désormais prêt pour que l'on ouvre à nouveau la Porte des terres interdites et faire disparaitre la crépusculaire Noire Hermine, de ces terres.
En aucun cas ses pouvoirs de Songe Nomade ne devaient passer aux mains des Meutes de Burvorg ou des Elfes Pourpres.
Mortelle, elle ne pouvait franchir les chemins secrets, il fallait donc que l'appel théurgique du rituel d'ancrage des non morts commence.

Tandis que le dixième, celui qu'on ne peut pas nommer, avait entamé depuis plusieurs heures l'appel théurgique afin de faire passer la Crépusculaire de l'autre coté de la frontière d’éther.
Le compte à rebours était lancé, et d'Ephren Altar on voyait s’élevait la lueur diaphane qui, en se tordant et se fracturant, déchirait les brumes, aspirant inexorablement la matrice dans un nébuleux tourbillon évanescent.

(par Oracle)



[...]

Soudain je me retrouvais dans le noir. Le ciel était masqué partiellement par des milliers de carreaux. On eut dit que tous les archers s'étaient donné rendez vous pour un coucours de précisions. La vision était magique et la vitesse avec laquelle le nuage chargé de pointes acérés se déplaçait donna le vertige aux mortels qui se trouvaient en dessous. Au moins la moitié des flèches atteignirent leur cible et un hérisson géant poussa alors un hurlement qui pétrifia les spectateurs. Il ramassa alors des roches qui étaient plus hautes que des remparts de citadelle Elfe et les lança en représaille sur les archers derrère nos lignes. Un balet aérien s'engagea alors au dessus d'une foule médusée. Hébété mais pas inactive, la plupart des créatures des trois peuples profitèrent de ce défi de précision pour se lancer à l'assaut.
C'est alors que le peuple Gobelyn décida d'utiliser ses torquelets. Les puissants engins de sièges envoyèrent des centaines de projectiles volumineux vers notre adversaire démesuré. En un flot continu qui ne laissait aucun répit ils purent mettre à terre l'adversaire de tout un territoire. Malgré ses ripostes le géant ne put endiguer les attaques venus de toute part. A présent à terre, considérablement affaibli, touché en de multiples points vitaux, la montagne qui s'emblait invincible vit sa fin arrivée. En effet, malgré le fait que ses deux genoux étaient à terre elle dépassait considérablement la foule noire qui fourmillait en contrebas. Une dizaine de flèches tirés par des arbalétriers Gobelyn finirent leur course dans le cerveau, traversant ses deux yeux grand ouvert. Moïglesse des Lents Temps s'effrondra lentement. Entrainant avec elle des centaines de vie.
Mes réflexions s'achevant ici. Un cor puissant retentit non loin. On nous informe que la partie n'est pas finie. Des légions tout aussi nombreuses se déplaçent dans la vallée des Ombres. Je me releve péniblement, rangaine mon arme et me dirige vers mes compagnons.

(par Solcarlus)

§ Le crépuscule de Noire Hermine §


Alors mon corps tremblant fut porté sur un chevalet plat, ma tête pendante placée dans un trou circulaire, mon ventre en l'air, mes bras et pieds ligotés, car je devais endurer mes pires supplices.
Je demeurai six heures sur ce chevalet et entre chaque application de la torture, le théurge incantait des chants étranges aux sonorités inconnues qui me raisonnait dans la tête pendant des heures, dont chacune me paraissant un enfer.
Quand il m’arrachât du chevalet , ils mit des fers sur mes jambes brisées et je fus conduit dans uns statue de fer.

[…] Je regardais, le visage convulsé, la bouche hurlante, les yeux horrifiés, les gros cierges qui éclairaient la statue et me renvoyait une pale lumière.
Il m'enferma dans la matrice de fer et referma avec violence la partie basse.
Alors, sous les contorsions de mon corps, ma chair s’écrasât contre les aiguilles creuses qui tapissaient l’intérieur.
De mes jambes jaillirent des filets de sang, et le sang paru, tomba par gouttes puis ruissela finement.
Alors le théurge, lentement et en continuant ses incantations, prit le montant de la partie haute de la statue, d’où sortait d'autres pointes d'acier pour rabattre les bras de fer, qui inlassablement, resserraient leur étreinte, et déchirèrent ma chair, m'arrachant un hurlement de douleur qui me fit perdre inexorablement conscience
Alors dans une semi coma, je m'entendit prononcé des mots dont j'ignorais le sens [...]

(par Noire Hermine)





Il pénétra dans la citadelle et fut rejoins sur le chemin de la crypte par l'un des Pourpres. Celui-là même qui avait défait Oviron. Ensemble, ils firent voler la porte en éclat.
La salle ressemblait à quelques chambres de tortures, digne des plus cruel artifice des malesangs. Le dernier théurge n'eut pas le temps de réagir que les deux héros le pourfendaient déjà de leurs lames.
L'homme-cerf murmura dans son dernier soupir :
- Cela n'est pas fini ...

Alors que Parangon extirpait à peine Yrnaosfé de la dépouille du Ferc, le Daronoan s'élança vers une statue de fer d'ou provenait d'étranges litanies, l'arme brandie. Le Gobelyn jeta son épée vers le Pourpre et comme elle l'avait déjà fait auparavant l'épée des Aurores toucha au but. Elle transperça de part en part le Chevalier, qui tomba face contre sol, le coeur arraché.
Yrnaosfé finie sa course dans la statue de métal, quelques centimètres de sa pointe se plantèrent dans la crépusculaire. Ouvrant une plaie sur son corps déjà criblée de meurtrissure.
Parangon s'approcha, il était venu pour délivrer Noire Hermine. Il posa sa main sur la garde de son épée. Seul un bras puissant et ferme l'empêcha de la retirer.
- Tue-la !

Un Daronoan, au visage couturé de cicatrice. Il semblait à Parangon qu'il l'avait déjà vu, ou peut-être simplement rencontré.
- Pourquoi ?

Étrangement, la colère qu'il avait eu pour terrasser le premier Daronoan s'était dissipé. Il n'éprouvait aucune colère face à cet Elfe.
- Que peux-tu savoir toi qui n'a pas livré bataille face à ces êtres. Tu prétends décider du sors de l'alliée du peuple Gobelyn !

Alors, le Chevalier-Lyre Skagorr, lâcha le bras de Parangon. Puis il lui raconta l'ensemble de ses recherches, des recoins du monde qu'il avait parcouru. Des chemins secrets jusqu'aux portes des Terres Interdites. Du savoir qu'il avait acquis sur les Fercs et leur volonté. Il lui parla aussi de l'essence même de son peuple, des Gobelyns et de leurs rôles, du Cycle et du Magyon. Bien sur, le Chevalier apporta plus de questions que de réponses dans l'esprit de Parangon.
Il est cependant des questions qui se trouvent plus proche de la Vérité que bien des réponses.
Après quelques longs moments, assit près du corps du Chevalier Ghelal. Bien longtemps après que la Lyre Skagorr ne s'en soit retourné. Yrnaosfé toujours suspendu à la statue de fer. Le Gobelyn se releva.
- Puisses-tu trouver la paix !

Parangon, empoigna sa lame.

(par Skagorr)

§ Epilogue et révélations §



La conscience supérieure survolait de très haut les Terres de Saïhan.
Le spectacle était grandement réjouissant et satisfaisant.
Partout, la guerre, la mort, la haine et le sang...
Jours et nuits passaient, et rien n'évoluait, si ce n'était en pire.
Le nécrovirus global s'étendait, au grand plaisir de celui qui avait orchestré cela...

L'Etranger rouvrit deux paires d'yeux dans sa cache, le spectacle du monde hurlant s'effaçant par la même.
Il se faisait face à lui même, double-esprit pour une seule âme, deux corps-clones pour un seul fil de pensée.
Dans cette matérialisation physique de son état présent, il était dans une pièce minuscule, aux murs faits d'étagères sèches bourrés de livres chauds et anciens, aux lettrines changeantes et mouvantes sur les tranches usées.
Un maigre bureau, et une seule bougie pour éclairer chichement la pièce recroquevillée autour des deux formes humanoïdes qui le composaient.
De grande taille, une cape simple recouvrant un corps que peu d'entités au monde aurait su définir et contempler, et son visage simple, à la mâchoire masquée, et aux yeux striés comme si trois chats s'étaient battus pour voir en même temps à travers ce seul regard.
Une représentation comme une autre, qu'Il contemplait de lui même par-dessus le bureau, miroir vivant d'un être perturbant...

Ce monde est un vrai joyaux... dit l'un des Lui.
« Saïhan », c'est cela ? J'ai rarement vu autant d'arcanes chtoniennes réunies en un même point.
Ni d'aussi complexes. Pourquoi m'échappent-elles encore ?
Je ne sais pas. Il va falloir étudier tout cela, et reprendre ce qui doit m'appartenir.
Des noeuds secrets s'étalent sous toutes les surfaces, extérieures, mais encore plus intérieures... Je serais là encore un moment, je pense, pour en percer tous les mystères...

L'autre hocha la tête pour exprimer son propre assentiment.
Sur chacune de leurs mains, Sept doigts jouaient de bagues et de marbrures alors qu'ils couraient de feuillets en parchemins, lisant, triant, écrivant, invoquant de nombreuses runes géodésiques à chacun de leurs gestes précis et fluides.
Quelques plumes tombaient parfois de sous sa cape, et s'envolaient dans la pièce avant de retomber sur la flamme de la bougie centrale.

Pousser ce Vigilant à l'irréparable était une tendre idée, reprit-Il à son endroit.
Trop simple à mon goût, contesta l'autre Lui-même..
Mais efficace... Personne ne nous a vu pénétrer ce monde pour nous cacher.

Les deux êtres levèrent la tête, l'une après l'autre.
Ils frissonnèrent, encore inquiets .
A travers eux, sur d'autres continuums, des mondes entiers pleurèrent de terreur.

La Chose qui voilait les astres ne semblent pas nous avoir remarquée, chuchota l'Incarnation, mi-rassurée, mi-soucieuse..
Mais les Gardiens de ce monde, eux, si. Pense-je qu'ils risqueraient d'avertir la Chose ? Questionna l'Avatar.
Non, je ne pense pas. Leur biotope valemagique a beau nous être impénétrable, puissant et diversifié, il ne suffit pas pour l'Arakleïrj.
Et les transfuges ? Sauteurs de Rerum, Songe-Nomades et autres Ondines, Nexariens ou Désincarnés ?

Il ne se répondit pas, le regard toujours porté vers d'hypothétiques étoiles, sur un autre plan d'existence.
La réponse allait de soi : ils sauteraient tous dans la Chose sans la voir. Et s'ils attiraient son attention, quel Dieu un Dieu pourrait prier ?

Sous leurs pieds, quelque chose gratta sous le plancher métaphorique, indécelé...
Un doigt se leva, mais l'Etranger ne le remarqua pas, et revint à ses tâches et réflexions.

La Reine et Tharoan étaient un début prometteur.
Mais Argunelf s'est échappée, et les Huants ont absorbé la Chape sans même s'en apercevoir...

L'un émit un petit rire sarcastique, l'autre grogna.
La bougie tremblotta.

Je pensais avoir trouvé comment asservir leur Magyön, avec leur mythomnésis, Tauruln...
Mais ce ne fût qu'une expérience ratée, les Gardiens ont bouché la faille, et le Magyön s'est avéré mon ancien que je le pensais, n'est ce pas ?
Des secrets au fond des secrets...
Un délice, certes, mais ces Princes d'Automne nous connaissent, et nous traquent sans relâche ni repos dans les strates réelles de ce monde...
Partir ailleurs, peut être ?
Ailleurs qu'en cette Songe-Nomade singulière, je veux dire ?

Un autre petit bruit fit vibrer un livre, en contrehaut, comme un petit coup sourd.
L'un des Lui tiqua, braquant son regard sur le livre...
...
Rien.
Les deux êtres se concentrèrent de nouveau sur les Terres de Saïhan, grimaçant en tentant d'ouvrir des sens aussi délicats que dangereux, en cet âge de Fadrax...

L'Est nous est fermé, ces fichus Gelflyns nous font barrage à la Chaines des Larmes, au nom de leur déesse...
Oui, je le sens... Il se pourrait même que Ciaran y rôde en personne.
Trop dangereux.
L'Ouest, alors ? (ils froncèrent les sourcils)
Non, une Larme de la Chose y est tombée, à un jet d'éternité à peine de notre sceau actuel.
Une Larme n'est pas une Bête, je pourrais aisément faire disparaître cette portion de Doyran.
Sans attirer l'attention de la Ligue Fadraxienne ? Acadûn enquête déjà à trois pas d'ici, inutile d'attirer leur attention encore plus.
Le Grand Solitaire a marqué le passé de Saïhan.
Et Furio et les Predaxrats son futur.
Pas vraiment de où ni quand...

Un autre coup sourd, une plume tombe en poussière.
Mais les yeux fermés de l'Etranger manquent cruellement d'attention...

Sans ces Elfes Primordiaux, nous aurions les coudées franches...
Je pourrais tuer leur Couronne d'Or, assécher le marais, et brûler le Bois des Murmures ? Proposa, irrité, l'un des clones.
Je ne vais quand même pas être obligé de réveiller leurs divinités endormies pour avoir la paix ? Maugréa l'autre.
Orgos, Wakrône, Abnysar, Mörl, Yrnaosfé, Dhûrlon, les Argranits, et tant d'autres : ce n'est pourtant pas ce qui manque... Même le Rorkel suffirait à...

Un nouveau coup sourd derrière une étagère.

Là... Dit l'Alphan, faisant tomber son tabouret à terre en se retournant violemment.
Quoi ? Demande l'Omégan.
J'ai entendu ça ?
... Non.

Nouveau coup sourd.
Cette fois, plus aucun doute possible.
Une sombre certitude illumine soudain l'esprit double de celui que les saihanites appellent l'Etranger.
Celle des clous sur un cercueil de moisissures millénaires...
Une bouffée d'infinie divinité flamboie en Lui.

D'une même voix, les deux corps s'écrient :
Vous avez donc fini par me trouver ? Même caché en sur-conscience de votre petite dauphine Crépusculaire ?

L'Etranger tente d'éclater l'antre métaphysique qu'Il s'est construit au sein de Noire Hermine, mais bute soudain contre les murs, alors qu'Il tente d'en diffuser l'essence.
Surpris, Il tente de s'esquiver entre les Instants, dans toutes les directions à la fois.
Un tableau d'apocalypse se peint alors sous ses yeux, alors que démultipliés à l'infini, Il contemple un Théurge Ferc perché sur chaque seconde, entre ici et l'immortalité.
Pas un seul Instant, pas un seul Chemin Secret, qui ne soit vide.
Diaboliques, muets et immobiles, des millions d'yeux morts le contemplent.

Sombres pourritures, piégé dans mon propre sanctuaire !! Comment osez-vous !

Les Princes d'Automne seuls ne pouvaient rien.
Mais au sein de Saïhan, bien des mystères et des forces se côtoient, et bien des Gardiens veillent en son sein.
Les Fercs se sont redressés, un par un, cachés dans le Présent au compte-goutte pour échapper au sens de l'Etranger.
Ils ont progressé en terres inconnues, dans ce plan que les mortels appellent réalité.
L'Endroit a été trouvé, l'Instant a été atteint, et les Théurges Cervidés ont pu procéder au rituel.
Piégeant chaque seconde, l'une après l'autre, autour de ce point focal.
Fermant chaque goutte de sang de Noire Hermine possédée, l'une après l'autre.
Doucement, silencieusement, un clou après l'autre, feutrés, pour que l'Etranger ne sente rien avant qu'il soit trop tard.
Un poste après l'autre, un Ferc après l'autre.
Et alors que la guerre emportait les Guerriers-Mémoires ressuscités pour couvrir le rituel, les Maîtres des Chemins Secrets clôturaient le champ des possibles.
L'Etranger devait être banni des Terres, c'était primordial, cela seul comptait.

Les deux formes de l'Etranger se jettaient sur les murs, fou-furieux, fiévreux.

Veillant dans l'Ombre, les Princes d'Automne n'avaient pu savoir ce que tramait les énigmatiques Fercs, ceux ci échappant à leur sphère d'influence et de connaissance.
Mais guidés par une sagesse insondable, ils comprirent qu'ils avaient bien fait de rester à l'écart.
Jusqu'à l'ultime instant, ils avaient hésité à retenir ou pousser les lames des combattants gobelyns, daronoans et loups qui s'agglutinaient autour de la Crépusculaire comme autant de légendes folles et sauvages.

L'Etranger rugissait d'une double-voix chtonienne, son tonnerre perçant presque entre les plans, poussant une migraine presque tangible dans l'esprit malmené de Noire Hermine, attachée à sa demi-vierge de fer.

Tous avaient suivi, dans leur ignorance mais leurs nobles intentions, leurs destins jusqu'ici, devant cette ultime porte d'une dernière forteresse de poussières.
Ils voulaient comprendre, ils voulaient agir, ils voulaient maitriser le cours de la guerre, et l'infléchir.
Et durant ces secondes incroyables qui s'égrainèrent, ils le pouvaient.

La lame mystique s'enfonça dans la chair de Noire Hermine, si fine et mortelle à la fois, buvant son âme à gros goulots.
Dans son antre écroulée, se rétrécissant sur lui, l'Etranger vit un aveuglant rayon de lumière, et la pointe démesurée d'Yrnaosfé pénétra lentement à travers, presque plus grande que l'antre métaphysique en entier.
Mais la lumière aussi...
Et à cette lumière, l'Etranger trouva la faille : la dernière goutte de sang, le dernier instant, la voie...
Le Maitre Théurge resté dans le réel avait presque fini le rituel, quand le Daronoan et le Gobelyn avait surgi dans la pièce pour couper son dernier lien avec le Présent.
« Presque » fini...

Même sans cela, la lame-vampire aurait pu suffire, mais c'était déjà trop tard, l'Etranger était sur ses gardes, à l'affût de la faille, et fort de dix milles éternités passées à survivre à des menaces que l'univers ne peut concevoir...

Giclant de Noire Hermine comme l'enfer explosant de ses chaines, l'Essence de l'Etranger fusionna, s'étira, et se propulsa hors de la Crépusculaire exsangue avec toute la force qu'Il possédait.
L'âme possédée de la Crépusculaire fût aspirée sous la force de l'éruption et distendue, puis éclata en éclaboussant l'éther, se mêlant à la Théurgie irradiant alentours. Le corps de la créature femelle s'affaissa en un dernier soupir de souffrance
Tout était terminé...

...

Le Gobelyn revint à lui, les bruits de bataille alarmant ses sens expérimentés.
Il ne sut d'abord pas qui il était, ses souvenirs complètement entremêlés à ceux de l'Etranger, résidus du passage éclair de celui-ci à travers son âme.
« Les clous ! L'épée ! S'enfuir ! » furent ses premiers réflexes.
Il jeta Yrnaosfé loin de lui, apeuré, et chercha à s'envoler à travers les strates de la réalité.
N'y parvenant pas, sa vraie personnalité remonta peu à peu à lui, faisant le tri des informations des dernières heures qui lui appartenaient réellement... et les nouvelles qui hantaient désormais son esprit...
Que signifiait tout cela ?
Une migraine effroyable lui pulsait dans le crâne, des vertiges le jetèrent quelques temps encore au sol, dès qu'il essayait de se lever...

Autour, les Fercs avaient disparu.
Les Gardiens de Saïhan avaient perdu cette bataille...
Dehors, quelque part, l'Etranger souriait à nouveau...

(par Skatlan)




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