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Nuit de la fête du Solstice d'hiver.

Un vent lugubre souffle au pied de l'immense muraille de pierre noire.
Les éclairs zèbrent le ciel nuageux. Les énormes masses noire nuageuses en provenance du pays de Dûn, déchiré par le Carnâan Würm, ne se dissipent que rarement aux abords de la forteresse personnelle du commandeur Catherine, Yhie Galtan, baptisée ainsi en l'honneur de Yhie Grave l'immense citadelle du Lyre Skaltan.
Enchevêtrement de tours, de guets, de passerelles et de coursives nées de l'esprit architectural maladif de Catherine, Yhie Galtan se cache dans les flancs du Roc Sinistre. Aucun chemin terreste ne permet d'y acceder. Les remparts se tiennent à la falaise abrupt, suspendus au dessus des gouffres noirs.
Au sommet de l'une de ses tours, les appartements du seigneur Catherine, Fille du baron Erthys d'Oryn. La salle de réunion, plongée dans l'obscurité et le silence, tremble à chaque coup de tonnerre. La flamme des chandelles vacille au gré de la tempête déformant les ombres des conseillers en d'improbables monstres grimaçants le long des murs tapissés.
En s'abattant le poing de Catherine fait voler un calice posé sur son immense bureau.

- « Il suffit ! C'est inadmissible ! »

Le conseiller incriminé fait un pas en arrière en saluant et retourne à sa place prestement.
Catherine s'est levée et retournée vers l'immense baie vitrée derrière son bureau. Son regard se perd à l'horizon.
Au loin dans la vallée une lueur brille dans la nuit. Yhire Grave.
Hommes en armes, forges, entrainements, même la nuit l'activité ne cesse point à Yhie Grave. Car la guerre, elle non plus, ne cesse point.
Quand Catherine reprend la parole sa voix est glaciale, sans intonation.

« Kaer Nolt. »

Un vieux guerrier en armure d'écaille s'avance d'un pas.

« Votre Altesse ? »
« Faites préparer les Dragons et prevenez les cavaliers. Nous partons sur le champ. »

La lune disparait un instant.
La voie des airs, seul chemin d'accès pour Yhie Galtan, est maintenant noircie par le vol une vingtaine d'immenses dragons.
Tel une colonne maléfique ils prennent leur envol et disparaissent dans les sombres nuages.

Juchée sur le dragon de tête Catherine contemple le paysage en contrebas alors que la colonne amorce sa descente vers la cible.
Malgré l'heure avancée toutes les maisons sont illuminées. Les arbres du village ont été décorés par les enfants et chacun fête le Solstice d'hiver à sa façon.
Dans le modeste chateau qui surplombe le village une fête bat son plein. Le bourgmestre à fait donner un banquet pour les plus humbles du village.
La porte de la grande salle s'ouvre en fracas. Le garde de service tentant de protester est plaqué au mur par l'un des deux colosses pourpres qui servent de garde du corps au commandeur Catherine et qui la suivent partout.
Un vent glacé et violent souffle dans la grande pièce où tout le monde a fait silence.
Catherine passe un regard mauvais sur l'assistance et s'avance d'un pas lent. Sur le chemin un gamin a laissé trainer un jouet qui termine son existence broyé par le pas lourd du commandeur.
Catherine continue de traverser la salle pour se planter devant le bourgmestre qui grelotte, moitié de froid, moitié de surprise. Le commandeur tend la main et un colosse pourpre y dépose un parchemin. Catherine le déroule lentement, le cuir de ses gants font un bruit désagréable au contact du papier épais.

"Administrateur Bennis Kaya. J'ai ici un rapport de mon conseiller économique. Vous avez refusé de payer la levée d'impôt militaire saisonnière."
"Sir Commandeur Catherine. C'est inexact. J'ai fais remarquer au collecteur d'impôt que l'hiver était rude et que les fêtes approchaient. Et que notre village avait déjà beaucoup souffert de la guerre et de son recrutement. J'ai donc demandé l'octroi d'un sursis."
"Vous avez souffert de la guerre ?!" La voix de Catherine était plus froide que la glace quand elle poursuivit.
"Est-il de votre droit de juger de la justesse d'une levée d'impôt ?"
"Non Sir Commandeur."
"Avez-vous payé la taxe quand mon collecteur est venu la réclamer ?"
"Non Sir Commandeur mais..."
"A combien s'élèvait votre taxe ?"
"Quarante éclats de rubis."

Catherine porta son regard sur l'assitance.

"Administrateur. Cette femme est votre épouse ?"
"Oui Sir Commandeur."
"Et votre mère est-elle parmi nous ?"
"Oui Sir commandeur."

La mère de l'administateur fit un pas en avant et salua avec déférence. Catherine appela l'épouse et fit un signe de main à l'un des colosses qui remit un bouclier à l'épouse. Puis Catherine s'adressa aux deux femmes.

"Allez vous placer dos au mur du fond. Toi l'épouse tient le bouclier devant toi fermement."

Les deux femmes s'executèrent. Elle se tinrent dos au mur, l'épouse tenant fermement le grand bouclier devant elle. Catherine claqua des doigts, un colosse lui tendit son arc et garda le carquois en main, à bonne hauteur.
Catherine reprit lentement la parole.

"Administateur, sais-tu ce que je peux payer à mes hommes pour quarante éclats de rubis ?"
"Non Sir Commandeur."
"Pour éclats de quarante rubis, je peux équiper un de mes hommes d'un bouclier."

Doucement Catherine prit une flèche dans le carquoi et visa lentement les deux femmes. La flèche vint s'enfoncer profondement en plein milieu du bouclier que tenait l'épouse. L'assitance sursauta.
Lentement Catherine baissa son arc. Les yeux fermés. Sa voix était lente.

- "Ca, c'est ce qui arrive quand on a un bouclier."

Soudain, en un éclair, Catherine ouvrit les yeux, se saisit d'une flêche et tira d'un geste. La flèche siffla dans l'air et se loga dans la bouche de la mère, l'empalant au mur sous la force de l'impact. Les mains de la vieille femme s'agitèrent un instant dans un gargouillis de sang puis son corps s'affaissa suspendu au mur par la flèche.

"Ca ,c'est ce qui arrive quand il manque un bouclier."

Catherine rendit l'arc à son garde du corps. L'assistance était figée de stupeur. La bouche de l'administateur s'ouvrit et se referma sans qu'un son n'en sorte.

"J'espère que vous en conviendrez. C'est une tragédie que de manquer de bouclier. A l'avenir je suis sûre que vous aurez à coeur que cela ne se produise plus."

Le commandeur Catherine remit sa grande cape de commandement pourpre et quitta les lieux dans un silence total. Sur le pas de la porte une petite fille de neuf ans venait d'entrer. Elle regardait vers la vieille femme morte les yeux mouillés de larmes. Elle semblait bégayer un nom.
Quand Catherine passa à sa hauteur la petite fille s'agrippe à sa cape.
Les colosses ouvrirent les portes.
La neige et le vent s'engouffrèrent dans la salle, faisant danser les cheveux de la fillette.
Le visage de marbre du Commandeur se tourna vers celui en pleurs de la petite fille.
Catherine porta la main à sa cape.
D'un geste vif, elle dégagea l'étoffe de la poigne de la fillette et lâcha froidement :

"Joyeuses fêtes."



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